
Label club engagé : Limoux ou la belle progression
Relancé en 2022 sous l’égide d’un trio présidentiel Henri Pech, Alain Mayo et Jean-Luc Guiraud Filh au cœur d’une terre treiziste historique, le RC Limoux XV se porte bien. Les Audois ont des convictions et ont bien grandi en à peine trois saisons, au point d’être le club amateur hexagonal ayant connu la plus forte progression dans sa notation globale du LCE !
Avant d’en arriver là, on rembobine : le 27 octobre 2022, après avoir quitté l’entente de l’US Quillan Limoux, avec 100 000 euros en poche et une seule équipe séniors de 40 joueurs sans réserve, les Limouxins se lancent dans la danse. En trois exercices, le nombre de licenciés a passé le cap des 140 en juin 2025 ; le club lance, petit à petit, des projets, des sections, voire une équipe réserve masculine (ndlr : la une évolue en Régionale 2 après être repartie du bas de l’échelle).
De quoi ravir l’un des deux co-présidents du club, Henri Pech, également vice-président en charge des partenariats : « Lorsque nous avons appris que nous étions le club avec la plus grande progression pour la notation de ce label, ce fut extraordinaire (ndlr, les résultats ont été communiqués à tous les clubs le 23 octobre dernier). Nous l’avons annoncé à tous nos bénévoles. C’est une réelle fierté, une source de motivation pour continuer de bâtir. »

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Partis de zéro il y a trois ans
Natif de Limoux, son copain et co-président du club, Alain Mayo, se souvient qu’il était le président aux 33 défaites consécutives de l’un des ancêtres du RCL. Il observe aujourd’hui avec bonheur la progression : « On ne s’attendait pas à une telle dynamique depuis trois saisons et de tels résultats qui nous donnent beaucoup de plaisir. » CTC du terroir 27 dans l’Aude dont fait partie le RCL XV, Geoffroy Esteriola connaît bien ce club. D’autant qu’il l’a accompagné au moment de son analyse par le prisme du Label Club Engagé.
« C’est un club jeune dans un contexte compliqué, note-t-il, notamment avec la concurrence. Ils sont quasiment partis de zéro, d’une page blanche il y a trois ans. En aussi peu de temps, leur travail de longue haleine paie déjà. Leur section féminine est solide et leur école de rugby est aussi en nette progression. C’est un club qui sait être patient et voir sur le long terme, même si ces chiffres du LCE sont déjà très bons pour eux. »
À catégoriser dans le pilier inclusion du LCE, l’une des clés de voûte de la progression du club n’est autre que la féminisation de ses effectifs avec une équipe séniore qui existe depuis deux saisons et joue actuellement au rugby à X en compétition. « Je connaissais des filles de cette équipe que je viens de rejoindre où se mêlent camaraderie et ambition, détaille Christina Diop, qui évolue au sein de ces féminines depuis cette saison. Sur et en dehors des terrains, j’ai senti des gens soudés, motivés, concernés, avec un vrai esprit de famille. »
À 22 ans, sa coéquipière Emma Estebanez, fille de l’ancien international Fabrice Estebanez, évolue en triple licence (le RCL, Blagnac et Limoux XIII). Elle insiste sur le rôle déterminant des dirigeants : « Ici, au RC Limoux, dès qu’on peut s’entraider, on le fait, comme dans une famille. Les dirigeants se donnent énormément pour ouvrir de plus en plus de sections et de pratiques, dont les féminines. Le RCL est sur une très bonne voie. »
Formé aux préceptes de Thierry Peuchlestrade, le Cantalien Philippe Pinquié, entraîneur principal des séniors masculins et directeur sportif du club, gère, lui, tout le projet sportif et éducatif : « Malgré la grosse concurrence de nos voisins treizistes et quinzistes, c’est agréable et surprenant d’observer les progressions du club, précise-t-il. Le cas des filles est carrément spectaculaire. Cela repose sur tous ces bénévoles qui donnent de leur temps. »
Vers un rugby de formation
Si les garçons profitent de novembre pour mettre en lumière Movember, les féminines se sont mobilisées le mois précédent pour Octobre rose. En partenariat avec l’association Femmes jusqu’au bout des seins, elles ont œuvré à sensibiliser la population locale au cancer du sein, place de la République à Limoux, informant notamment sur le dépistage précoce et sur l’importance de récolter des fonds pour la recherche (ndlr : le club a d’ailleurs aussi fait un don financier). Un autre point fort des Audois est la création et le développement de leur école de rugby, forte maintenant d’une trentaine d’éléments, où chaque tranche d’âge est représentée.
Lancée la saison dernière, elle voit certaines de ses équipes participer cette saison à leurs premiers plateaux le week-end. Et les dirigeants des Vert et Jaune préfèrent voir leurs gamins sur un pré plutôt que dans la rue ou devant des écrans. Une question de santé et… d’état d’esprit. « Le projet sportif et humain du club est appréciable, abonde Jean-Baptiste Goddet, ailier des M+18 depuis deux ans. Ce club, c’est une deuxième famille. J’ai connu des clubs à Carcassonne, Quillan ou Trèbes, mais ici à Limoux, l’ambiance est différente. Je reprends du plaisir. »
Avec le souhait de porter haut la voix du rugby à XV dans les établissements scolaires, les Audois veulent définitivement faire grandir leur jeunesse. « Je suis le garant de la transmission des valeurs et idées d’un jeu le plus ouvert possible à toutes les équipes du club, de l’EDR aux joueurs et joueuses majeurs, insiste l’entraîneur Philippe Pinquié. On souhaite responsabiliser tous nos éléments pour qu’ils soient des acteurs sachant prendre des décisions. »
L’école de rugby, qui ne cesse de grandir, est d’ailleurs aujourd’hui l’une des fiertés de tous, Henri Pech le premier : « On veut développer un rugby de formation, familial et compétitif, tout en étant actifs dans la vie associative locale. On veut se faire connaître et reconnaître sur notre territoire, être bons dans tout ce que l’on fait et, surtout, devenir un peu plus qu’un club de rugby. On ne veut pas gagner un sprint, mais un marathon. Nous sommes d’ailleurs rapidement devenus une place forte de notre sport. À l’extérieur, les gens reconnaissent tout le travail que l’on fait avec l’aide de nos bénévoles sans qui rien ne serait possible. »

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Un rugby loisir comme trait d’union
Cette progression spectaculaire résulte au final d’une ambition forte pour chaque projet. Depuis cette saison, une équipe rugby loisir a aussi vu le jour. Tous les vendredis soir, une quinzaine de passionnés se réunissent, comme en témoigne Christophe Coquand, ancien de l’équipe réserve, joueur rugby loisir depuis cette saison. « Le jeu me convient mieux et me permet de m’entraîner comme j’aime. Il y a moins d’entraînements en semaine et plus de temps libre les week-ends. Ça me va bien. N’étant pas de la région, ce club m’a accueilli, intégré et permis d’avoir une plus grande confiance en moi. »
Julien Guiraud, quadra viticulteur, maraîcher, ancien treiziste et membre du bureau, est lui aussi un joueur actif de l’équipe rugby loisir, mais il n’oublie pas de prêter main-forte à toute la vie du club : « Je file un coup de main lors de certaines manifestations. Je ne m’attendais pas à ce que les projets de développement des féminines, de l’EDR ou d’autres actions soient aussi rapidement mis en action. Surtout avec ces résultats et cette progression. »
Il y a de l’entraide aussi sur le terrain ; il n’est pas rare qu’en fin de séance, les membres de cette section loisir servent d’opposition raisonnée aux séniores féminines lors de la mise en place. « Cette opposition raisonnée avec le rugby loisir permet d’être assez nombreux de temps en temps,apprécie Christina Diop. Surtout, on profite aussi de leur expérience tout en se mettant en condition pour le prochain match. » Un trait d’union supplémentaire alors que le repas des soirs d’entraînement réunit les séniors, masculins et féminins, au club-house du stade de l’Aiguille.
Dans le département de l’Aude récemment touché par le gigantesque incendie estival et où l’économie repose aussi sur la nature et ses produits, avoir la fibre de la transition écologique est tout naturel. Utiliser ses propres gourdes, trier les déchets, avoir les gestes économes en énergie ou se fournir en circuit court y est déjà ancré. Question de principes et de survie. Sans une action significative en l’espèce qui ferait grimper son critère écologique dans le Label Club Engagé, le RCL XV et ses membres sont des acteurs sensibles à la préservation de leur territoire.
En tant qu’ancien professeur d’histoire-géo et par ailleurs fort d’un DE, le néo-retraité Philippe Pinquié et l’une des joueuses, Malaury (par ailleurs institutrice), aimeraient développer davantage les critères de l’éducation et de la santé du LCE. Le CTC local Geoffroy Esteriola reste confiant quant à la réalisation : « Même si le RCL XV n’a pas encore suffisamment de ressources humaines en interne afin d’animer des cycles rugby à l’école, on sent bien qu’ils y pensent et que ça ne saurait tarder, vu leur belle évolution. Cela leur permettra aussi que d’autres enfants franchissent les portes de l’école de rugby du club. »
Mais les Vert et Jaune ne veulent pas aller trop vite, ni griller les étapes. Ils savent qu’intégrer le champ scolaire demande un travail en amont, des autorisations et une personne quasi dédiée, même si pouvant s’appuyer sur le CTC du bassin. Idem pour la santé : lancer une section santé ou sport adapté repose sur le temps libre d’un ou plusieurs bénévoles, tout en mettant en place un partenariat fort avec un médecin ou un établissement spécialisé.
On le voit, les pistes d’avenir sont légion et les idées de développement nombreuses. Les week-ends, les trois équipes séniores (la une et la réserve masculines et la une féminine) jouent souvent l’une après l’autre, la plupart des samedis ou dimanches des matches à domicile. Il y va de la cohésion et de l’identité commune de ce jeune club. Pas pour déplaire au directeur sportif, qui a un œil sur toutes les sections. « Développer d’autres pratiques pour d’autres publics est bien naturel, juge Philippe Pinquié. Nous avons des projets comme celui de lancer un tournoi inter-entreprises sur la base d’un rugby à toucher à cinq afin de faire faire du sport au maximum de monde, mais aussi pour peut-être séduire de potentiels partenaires. »

Label club engagé : Rugby au cœur de l’action
La valorisation du Label Club Engagé attire de nouveaux licenciés, renforce l’engagement des bénévoles et génère des actions, des financements ou des services au…
Être un acteur fort de la vie associative locale
En effet, si les actions des clubs avec des sections relevant du LCE se font sans contreparties, certaines valorisations existent ou peuvent exister. « L’une des idées du rugby loisir est aussi de convaincre les parents qui amènent leurs enfants à l’entraînement de chausser les crampons au même moment pour le bien de tous, souffle Philippe Pinquié. En plus d’éviter la sédentarisation, cela peut aussi créer des vocations de bénévoles. Il n’y en a jamais assez. »
Les Limouxins bossent, et ça se voit. « C’est une fierté d’être devenus un acteur de notre ville, de notre bassin, développe Alain Mayo, surtout dans le contexte économique actuel. » Depuis trois ans, les présidents et décideurs du club ne se reposent jamais : « On n’a jamais passé plus de quinze jours sans se voir pour travailler. C’est une passion sans coupure », relève le dirigeant.
Des projets, qu’ils fassent partie du Label Club Engagé ou pas, le RCL XV en regorge afin d’être un acteur fort de la vie associative locale. Récemment, des spectacles musicaux, humoristiques et autres ont été organisés. Une finale de championnat de France a été accueillie avec succès l’été dernier quand le vide-greniers, très populaire dans la région, réunit une foule immense en juin. Le Label Club Engagé et le RCL XV ont un bel avenir à Limoux.
RACING CLUB LIMOUX XV
- 46 promenade du Tivoli, 11 300 Limoux
- Présidents : Henri Pech et Alain Mayo
- Nombre de licenciés : 129 (24 oct. 2025)
- Contacts : rclrxv@gmail.com
