
Label club engagé : Le prix de label histoire
Entre tradition et modernité, entre les vallons de l’Aveyron et son saisissant viaduc qui déchire l’horizon parfois embrumé, adossé au Puncho d’Agast, cette colline, autre symbole millavois, le Stade Olympique Millavois (SOM) en impose, lui aussi ! Le parc des sports Gabriel-Monteillet est déjà un outil de haute performance, un socle à partir duquel beaucoup et bien travailler est possible, au cœur de cette ville de 20 000 habitants.
Leaders des clubs amateurs de ce Label Club Engagé, les Stadistes millavois se démènent depuis des années. « On ne peut que se féliciter de ces retombées qui saluent tout le bon travail qui a été mis en place, salue le président Thierry Perez, notamment grâce aux salariés, aux éducateurs, aux bénévoles… » Ces passionnés qui en font beaucoup, et surtout avec talent.
Éducation
Le critère Éducation par le sport est un des points forts du SOM (250 points sur 285 possibles), le club se classant au 2e rang national de cette thématique ! Il faut dire qu’en plus de disposer d’une école de rugby labellisée 3 étoiles et d’un centre d’entraînement labellisé adossé au lycée Jean Vigo, le SOM, très dynamique, propose de nombreuses animations dans une quinzaine d’écoles, collège et lycée de la ville et alentour, avant de carrément ouvrir des sections sportives au collège et au lycée.
Bien connu des Languedociens pour avoir présidé durant quelques saisons aux destinées des clubs de rugby de Jacou ou de Montpellier, Thierry Perez est revenu à son berceau familial de Nant en Aveyron depuis 2011. Tout en travaillant encore dans la capitale héraultaise, il a été dirigeant du SOM et est désormais président : « Notre motivation première est de former les garçons et les filles, dès les plus jeunes âges, de monter des sections dans les collèges et lycées. Les séniors viennent ensuite. La formation et le développement de sections ou d’actions sont un travail de longue haleine qui ne paie pas tout de suite. »
Alexia Denis, qui suit un master 2 en management en apprentissage auprès de son club, travaille et joue avec les féminines séniores. Avec les jeunes dont elle s’occupe, les thématiques comme la citoyenneté, le vivre-ensemble, les valeurs, l’écologie ou la culture sont abordées. « On fait du rugby mais on essaie aussi d’éduquer le mieux possible, détaille-t-elle. Je suis fière et pas surprise de ces chiffres car le LCE est notre cœur de métier avec Jonathan et les bénévoles qui donnent déjà beaucoup de leur temps. »
Président d’UBAKA Grand Causse Occitanie et ex-joueur millavois dans les années 1970-80, Christophe Carrat a fait une intervention au sein du SOM : « Ce club a évolué, mais on sent la même dynamique qu’à mon époque. L’EDR a toujours été forte avec une formation solide. Former et se bouger est dans l’ADN local. Le souci a toujours été de garder les gens, en raison de la proximité de Toulouse et Montpellier. Mais comparativement à d’autres sports, le rugby et ce club font que les encadrants sont beaucoup plus proches des enfants. C’est idéal pour activer de bons comportements. »
Inclusion
Quels que soient les sections ou les acteurs, les Millavois ont l’inclusion dans le sang. Et les origines remontent aux années 2000. « Nous avions reçu en stage l’équipe de France féminine, se souvient le secrétaire général Serge Secail. Cet événement a été un véritable électrochoc pour le développement du rugby féminin ici. Il a ouvert de nouvelles perspectives, à la fois dans et en dehors du club. Il nous a permis d’accueillir de nouvelles pratiquantes, d’attirer un public différent et de séduire de nouveaux partenaires. Forts de ce succès avec le “Rugby pour Elles”, nous avons appliqué la même dynamique à d’autres actions et sections. »
Depuis, deux salariés travaillent avec la secrétaire Valérie Raynal Amari et Jonathan Santos, responsable communication et EDR. Il y a aussi une apprentie passant son master (Alexia Denis) et un second apprenti, Mathis Pardo, qui entraîne les M6. Il suit également un BPJEPS « activités physiques pour tous » (APT) et effectue son alternance au club avec l’idée de devenir éducateur sportif. Même s’il n’est pas joueur de rugby du club, il a été accueilli comme tout un chacun. « Je travaille aussi lors des stages organisés par le club, insiste-t-il. Je donne aussi un coup de main sur l’administratif ou la logistique. C’est facile de travailler avec un tel club de sport. De l’intérieur, on sent que c’est un club très actif qui ne cesse de proposer des idées. »
Grâce au Club des supporters et à la Maison du rugby en plein Millau, ce sont près de 150 lotos qui sont organisés chaque année. Ces jeux, très populaires, ramènent beaucoup de monde et quelques revenus non négligeables. Le club a aussi donné un coup de main lors de l’organisation du récent Festival des Templiers avec 12 000 trailers sur site. Une opération de collecte de jouets est aussi organisée par le club au bénéfice des plus démunis. Pas étonnant que le 4 novembre, lors des Oscars du Midi olympique, le club ait été récompensé aussi de son engagement multi-terrains.
Citoyenneté
Un autre pilier où le club est également très actif, comme lors des dernières vacances scolaires où des stages de rugby ont été proposés à différentes catégories d’âge. Toute la journée, une trentaine de jeunes des catégories M8 à M12 commencent par des ateliers de rugby le matin. Après le déjeuner, l’après-midi se poursuit dans une ambiance ludique : sorties au Reptilarium ou à Micropolis, activités autour de l’écologie ou du respect de l’autre, avant le goûter. Les parents n’ont rien à prévoir : le club s’occupe des repas du midi. « On ne mangera pas tant qu’il y aura du bruit », rappelle Alexia. Le silence se fait avec les enfants.
Mathias et Pablo, deux jeunes participants, confient « adorer ce stage », où ils font« plein de choses ». Mais ici, pas question d’échapper aux petites missions du quotidien : chacun met la main à la pâte pour installer les tables, ranger ou débarrasser. « Même si on ne le fait pas toujours à la maison », plaisante l’un d’eux. L’association UBAKA (voir encadré) est intervenue pour sensibiliser les stagiaires au harcèlement. Après la projection d’une vidéo, les animateurs ont échangé avec les enfants, proposé un jeu de rôle, puis un quiz interactif pour approfondir le sujet.
Pour finir, les jeunes pousses sont mises en situation sur différents cas pratiques. « Quand on s’aperçoit d’un harcèlement, on le dit à un adulte », retient-on. Des exemples concrets (différences physiques, port de lunettes, surnoms…) sont proposés par Christophe Carrat et ses compères. « On fait de la prévention pour le thème du harcèlement dans les écoles, collèges, associations et clubs de sport, rappelle le président d’UBAKA Grand Causse Occitanie. C’est la troisième fois que nous intervenons dans ce club, qui tient à transmettre des valeurs fortes à ses jeunes licenciés. Notre action vient compléter l’éducation déjà mise en place ici. L’objectif est simple : protéger un maximum d’enfants en leur faisant comprendre à quel point le harcèlement, qu’il soit direct ou en ligne, volontaire ou non, peut être extrêmement dangereux. »
Les enfants, très attentifs, participent en levant les mains pour répondre. Les jeunes Jules, Ethan, Victor ou Axel sont d’accord : « C’est important d’évoquer ce sujet du harcèlement. Comme ça, on peut aider d’autres copains à l’école. » Avant d’enchaîner sur un autre sujet : « Mes équipes préférées, ce sont Millau, l’équipe de France féminine et Antoine Dupont. » Autre action citoyenne, le 6 décembre prochain, le SOM participera à la journée de formation et de sensibilisation aux valeurs de la République et laïcité, proposée notamment par la ville de Millau. Associations, dirigeants, éducateurs et bénévoles de toutes activités s’y rejoindront avant de diffuser dans leurs entités respectives.
Santé
Le club aveyronnais poursuit son élan autour du pilier santé. Chaque mardi, en partenariat avec l’association Solution Sport, des retraités – anciens joueurs ou nouveaux venus – participent à la section rugby santé, une activité idéale pour garder la forme tout en partageant un moment de convivialité. Le rugby à 5 à toucher connaît lui aussi un essor constant, et une collaboration avec un IME viendra prochainement compléter ces initiatives inclusives.
À Millau, où le bassin de pratiquants est forcément plus restreint que dans les grandes métropoles comme Toulouse ou Montpellier, « il est essentiel de s’adresser à tous les publics », souligne le président Perez. Dans cette dynamique, les membres du club évoquent souvent Jonathan Santos comme une véritable « perle ». Formé à l’école de rugby, joueur de l’équipe première, il a très tôt passé ses diplômes d’arbitre avant de devenir salarié du club. Aujourd’hui, il cumule plusieurs missions : responsable de l’école de rugby, de la communication, des M18 féminines et du Label Club Engagé.
Le polyvalent confie, entre deux actions : « Ces résultats du Label sont très motivants, ils valorisent le travail de fond mené depuis des années. Les critères du LCE nous poussent à innover, à proposer de nouvelles actions et à sensibiliser nos licenciés aux valeurs du rugby. Rester sur nos acquis, c’est prendre le risque d’être dépassés. À nous de continuer à avancer et à transmettre, avec passion, les bonnes valeurs de ce sport. »
Transition écologique
L’écoresponsabilité occupe une place importante au sein du club. En octobre, la fresque de l’écologie présentée dans la salle Tristano Lusvarghi a sensibilisé petits et grands autour des enjeux environnementaux. Le tri, le recyclage et les économies d’énergie font désormais partie du quotidien, tout comme le choix d’achats en circuit court auprès de partenaires locaux. Avec un budget avoisinant les 900 000 € et seulement 10 à 15 % provenant du parrainage, les Rouge et Jaune savent qu’il faut compter sur leur mobilisation et leur capacité à se retrousser les manches.
Cela passe, entre autres, par la valorisation de leurs actions, notamment celles de la transition écologique. Une aide de l’ANS est ainsi venue récompenser les actions du club permettant de passer les éclairages du terrain Broussou en LED. « On est heureux aussi quand on récupère des subventions après avoir monté des dossiers ou récompensant telle action ou tel critère, concède Alexia Denis. Ayant aussi un peu en charge les partenariats, il y a encore plein d’autres actions que l’on pourra mettre en place pour en séduire de nouveaux. Dès qu’il y a du sens pour une action ou une section du LCE, les partenaires sont davantage à l’écoute. Quand on les démarche, on a des arguments. »
Partout dans le parc des sports Gabriel-Monteillet, des affichettes rappellent les règles de savoir-vivre à respecter, que l’on soit joueur, éducateur, bénévole, parent ou simple spectateur. On y rappelle aussi que le site est une zone sans tabac, en accord avec la réglementation et soucieuse de préserver l’environnement des mégots.
STADE OLYMPIQUE MILLAVOIS
- 12 rue du Rajol, 12 100 Millau
- Président : Thierry Perez
- Nombre de licenciés : 500
- École de rugby 3 étoiles
- Contacts : som.rugby@orange.fr et 05 65 60 26 48
