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Carnet noir  : Décès d’André Herrero

XV de France masculin
Le rugby français perd bien plus qu’un ancien joueur : il perd une voix, une conscience, une figure tutélaire. André Herrero s’est éteint à 87 ans, laissant derrière lui une empreinte profonde dans l’histoire du ballon ovale tricolore.

Joueur emblématique, entraîneur respecté puis dirigeant engagé, il aura traversé toutes les strates du rugby français, du RC Toulon à la Fédération française de rugby, sans jamais renier ses valeurs ni sa passion viscérale pour le jeu.

Formé et révélé au RC Toulon, Herrero s’impose très vite comme un combattant, un homme de mêlée au tempérament volcanique mais au cœur immense. Entre 1963 et 1967, il porte 22 fois le maillot du XV de France, évoluant en deuxième ligne ou en troisième ligne. Dans ce rugby encore empreint d’amateurisme, il incarne déjà une forme de professionnalisme avant l’heure : exigent, rigoureux, intransigeant avec lui-même. À Toulon, il devient une légende du vestiaire, une figure respectée jusque dans les travées du Mayol populaire.

Mais l’homme ne s’est jamais contenté d’un seul rôle. Après sa carrière de joueur, puis d’entraîneur, André Herrero rejoint les instances dirigeantes, trouvant au sein de la FFR un nouveau terrain d’engagement. Il y porte une vision claire : rapprocher les clubs, les ligues et la sélection nationale, faire du rugby français une maison commune. Sa nomination en 1992 comme manager du XV de France symbolise cette volonté. À ce poste stratégique, il s’attache à structurer le lien entre la Fédération et les Bleus, à redonner sens et cohésion à une équipe souvent ballotée entre générations. Pas de titre majeur à son actif, mais une marque indélébile : celle d’un homme de principe, défenseur acharné de l’esprit collectif et de la responsabilité fédérale.

André Herrero aura incarné plusieurs vies : celle du guerrier, celle du capitaine pour son club, celle du dirigeant au service d’une institution qu’il voulait forte et humaine. Son influence dépasse les terrains : elle s’étend à la culture même du rugby français, à cette idée que la FFR n’est pas qu’une administration, mais le cœur battant d’une passion partagée.

Aujourd’hui, son carnet noir se lit comme un carnet d’honneur. Celui d’un homme debout, fidèle à ses valeurs et à son rugby. La Fédération Française de Rugby présente ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

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Sylvain Muzeau

24/10/2025